Thursday, August 17, 2006

A propos de Lucien Rebatet

Il y a chez Rebatet des éclairs de lucidité. Dans ce recueil des textes qu’il a publié de 1935 à 1944, on constate que certains de ces articles n’ont absolument pas pris une ride notamment en ce qui concerne l’immigration. Ainsi, Lucien Rebatet se fait un grand défenseur de l’immigration italienne. Pour lui, les ressortissants transalpins sont un modèle d’intégration. Il en vient à regretter que Mussolini ait fermé les frontières. Pour les Polonais, il est plus sceptique, mais leur reconnaît une certaine tranquillité. Là où Rebatet s’est montré prophète, c’est sur l’incapacité des immigrés maghrébins de s’intégrer… Outre les étrangers, c’est à la question juive que Rebatet s’est le plus intéressé… La description qu’il fait de la France de Vichy réduit à néant toute la propagande actuelle sur le prétendu antisémitisme de Pétain. Rebatet dépeint avec l’œil de l’antisémite qu’il fut la vie des fils d’Israël en zone sud, une vie privilégiée : à Marseille, à Nice, à Lyon, il montre que les Juifs n’étaient absolument pas persécutés par Vichy, que le numerus clausus était purement symbolique et qu’il était plus dangereux d’être responsable local du PPF qu’israélite… Le plus paradoxal, c’est que Rebatet accuse l’Allemagne en 1938 d’utiliser les Juifs qu’elle expulse pour accroître la décadence de la France. Dans ce livre, on apprend au détour d’un article de 1938 que la communauté juive forte de 564.000 personnes en 1933 est réduite à 424.000 personnes cinq ans plus tard, la France et la Tchécoslovaquie absorbant le gros des départs. Sur les 140.000 fugitifs du Reich hitlérien, 100.000 avaient déjà trouvé en 1938 un emploi équivalent à celui perdu en Allemagne, et ce alors que les victimes exilées de la Révolution judéo-bolchévique de 1917 croupissaient dans la plus noire des misères. Il faut rappeler que si les premiers nommés bénéficiaient de toutes les aides possibles et imaginables, les seconds, eux, étaient abandonnés à leur triste sort… Le dernier article daté est celui du 16 août 1944, prophétise la mise au rancart du parti communiste et de de Gaulle au profit des hommes politiques pro-américains. Dès 1948, Rebatet pourra constater combien ses analyses étaient fondées. Son drame, et celui des siens, n’était-il pas finalement d’avoir eu raison trop tôt ?

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