A propos des faux historiques
(Légende de la photo : le Panzer-I, char totalement dépassé qui équipait encore les Panzerdivisionen en 1940. La quasi-totalité des chars français le surclassaient)
Dans le numéro du 3 février 2003 de Marianne, des articles de Thomas Vallières et d’Eric Dior sur « Les Mensonges qui mènent à la guerre ». Des articles extrêmement bien faits sur le plan de la propagande : la vérité et la falsification étroitement mêlées, selon une technique parfaitement rôdée et ayant fait ses preuves et que le professeur Faurisson décortiqua en son temps… C’est ce que j’ai appelé dans Le Mensonge antiraciste « le syndrome Léo Taxil ». Quand le régime ne peut plus contenir les fuites d’informations, il faut qu’il discrédite celles-ci. La méthode est simple : on prend un homme rallié à la cause qui fait mine de « découvrir la vérité » et de changer de camp. Il publie un livre dans lequel il y a 95 % de vérités (en fait toutes les révélations faites depuis le départ sur le sujet) dans lequel il glisse 5 % d’erreurs grossières. Ainsi, le tout est discrédité. C’est ainsi que Léo Taxil fit assassiner Diana Vaughan pour la faire taire et endossa ses révélations réelles en les taxant de « supercheries ». C’est ainsi que Serge Nilus et Maurice Joly reprirent les documents secrets ayant filtrés de la secte des Illuminés et ayant abouti au document apocryphe que sont Les Protocoles des Sages de Sion (contenu exact, présentation fausse). C’est ainsi que Roger Garaudy, homme dont la fiabilité n’est pas la qualité première, pilla les travaux du professeur Faurisson qui, « médiatisés » par une girouette, étaient dévalorisés aux yeux des gens. C’est ainsi que Thierry Meyssan dit la vérité sur l’avion du Pentagone mais en la discréditant par le biais d’un délirant complot « militaro-fasciste »… C’est ainsi que les révélations faites sur les armes secrètes américaines (piquées en fait aux Allemands) furent discréditées quand des gens à la solde du FBI prirent soin de les mêler aux délires sur les petits hommes gris de Roswell (Arizona). Les articles de Marianne répondent à cette logique : sous couvert de « dénoncer la propagande » , on mêle le vrai au faux afin de sauver la vérité officielle. Ainsi, on mélange les bobards des Américains lors des guerres du Golfe I et II (la bombe atomique irakienne, les bébés dans les couveuses, les liens entre Saddam et Ben Laden) avec de vraies informations afin de discréditer ces dernières (l’attentat contre Jean-Paul II fomenté par le KGB, les projets soviétiques d’invasion de l’Europe en 1941…) Il suffit de voir où vont les préférences de Vallières en matière de « révélations de bobards » pour deviner en filigrane toute la campagne de désinformation à laquelle il se livre… Ainsi, il dénonce les propos racistes contre les Allemands en 1914-1918… mais pas ceux de 1939-1945, notamment les envolées racistes et génocidaires du chouchou de Staline, le juif Ilya Ehrenburg. En fait, la quasi-totalité des propos de Vallières sur la Seconde Guerre Mondiale sont de la désinformation : il parle des bobards « sur les chars allemands en carton ». Or, en 1940, les chars allemands étaient largement inférieurs aux chars français : le Panzer I était une auto-mitrailleuse à peine améliorée, le Panzer II ne valait guère mieux, les Panzer III et IV étaient en quantités insuffisantes, les meilleurs chars allemands en 1939 étant d’ailleurs… les Pz 38 (t) confisqués aux Tchèques ! L’Allemagne n’avait une supériorité matérielle que dans l’artillerie, les bombardiers d’appui et les transmissions. Mais il faut maintenir la légende d’une Allemagne surpuissante en 1940 pour accréditer la thèse délirante d’un Hitler voulant conquérir le monde… L’Allemagne de 1939 n’était absolument pas prête à la guerre. Elle ne passera d’ailleurs en économie de guerre qu’en 1943. De même, Vallières nie l’existence de la bataille de Poitiers en 732 (reprenant les thèses délirantes des islamistes) mais par contre se garde bien d’évoquer la soi-disant bataille de Valmy en 1792 qui n’a existé que dans la propagande révolutionnaire. Et ne parlons pas du fameux Bara, présenté comme « un héros de la République » alors qu’il a été probablement tué par des bandits de grand chemin qui convoitaient les chevaux qu’il convoyait et non par la résistance vendéenne… Eric Dior, lui, continue dans son registre habituel. Il sait faire un patchwork avec le vrai et le faux : avec un nom pareil, il était prédestiné… Lui aussi nie la volonté de Staline d’envahir l’Europe en juillet 1941. Et pour cause : c’est toute la version officielle de la Seconde Guerre Mondiale qui serait ainsi détruite. On parle de la propagande de Goebbels, jamais de celle des Alliés qui, en matière de mensonges, de faux, d’incitation à la haine, a surpassé tout ce qui pouvait provenir de Berlin. Pour Dior, bien sûr, la France n’avait aucune raison d’intervenir en Algérie… Il parle du chasse-mouche du Bey mais évite de mentionner le rôle des Barbaresques dans la piraterie maritime qui sévissait en Méditerranée. Il parle des provocations réelles des Américains en 1898 et 1964 mais évite de rappeler l’affaire du Lusitania en 1915 ou celle de Pearl Harbour en 1941. Et si Marianne aime bien fustiger la propagande guerrière de la droite, elle évite soigneusement de rappeler celle de la gauche qui voulait nous pousser à la guerre contre l’Allemagne ou contre l’Espagne de Franco…
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