Wednesday, August 16, 2006

A propos de Nolte

L’historien allemand Ernst Nolte, par ailleurs farouche tenant de la thèse exterminationniste en ce qui concerne la Seconde Guerre Mondiale, a accordé un entretien à Valeurs Actuelles le 14 février, dans lequel il évoque son livre Les Fondements historiques du national-socialisme. Même s’il n’a pas eu le courage d’un David Irving qui n’a pas hésité à saborder sa carrière pour que triomphe la vérité, Nolte est suffisamment peu apprécié en haut lieu pour que l’on puisse s’intéresser à ses travaux. Ainsi, il déclare que le facteur explicatif central du nazisme n’est pas l’antisémitisme mais l’anti-marxisme : « Je crois que chaque personne qui lit sérieusement les articles qu’Hitler a écrits dans les années 1920 verra que l’ennemi principal qu’il a dans les yeux, c’est le marxisme. La caractéristique du XXe siècle, depuis la Première Guerre mondiale, était l’existence d’un grand mouvement ayant l’intention claire d’anéantir l’ad­versaire, à savoir le marxisme, même si Marx comprend cette destruction comme l’œuvre de l’Histoire, et seulement mar­ginalement comme une destruction violente. Le mouvement ouvrier en Allemagne était certainement révolutionnaire, mais plus dans les paroles que dans les faits. En revanche, en 1917 en Russie et un an plus tard en Allemagne aussi, il avait dé­montré qu’il était capable de faire ce qu’il disait, et je crois qu’il y a une certaine logique à ce qu’à ce mouvement qui non seulement appelait à la destruction violente du monde ancien mais la mettait en oeuvre, réponde un contre-mouve­ment nationaliste violent, le national-socialisme. Mais pour autant, l’antisémitisme n’était pas une chose secondaire. Si Hitler voulait développer une idéologie de la même force que le marxisme, il devait désigner un ennemi très puissant qui puisse être combattu, Les juifs pour Hitler étaient les initiateurs du marxisme ». Sur ce point, nous ne pouvons qu’approuver Nolte. La national-socialisme a été une réaction violente aux crimes du marxisme. Il ne faut pas oublier que l’Allemagne avait déjà expérimenté l’horreur très partielle mais révélatrice du Spartakisme. Il n’est pas étonnant de constater que la première tentative du nazisme de prendre le pouvoir ait eu lieu précisément en Bavière, dans la ville de Munich encore marquée du souvenir des martyrs du lycée Luitpold et de la comtesse Hella von Westrap assassinés par les Rouges en 1919 avant la libération de la ville par les patriotes allemands, parmi lesquels Rudolf Hess (qui, à son corps défendant, se fera manipuler par ses « amis » anglais de la Golden Dawn), et dont les soldats chantaient un hymne de marche où il était déjà question de croix gammée. « Dire que le communisme comme tel était l’ennemi et non pas les juifs, ça avait pour conséquence que vous deviez combattre une part de la population allemande (Hitler considérait que le marxisme et les mouvem­ents qui lui étaient proches, comme le pacifisme, touchaient 40 % de la population allemande), mais il voulait la pop­ulation allemande innocente, et les juifs lui fournissaient un ennemi avec un visage concret ;c’est toujours plus efficace pour un mouvement politique d’avoir un ennemi qui peut être re­connu facilement plutôt qu’une force abstraite. Dans tout le socialisme des premières années, chez Fou­rier, chez Proudhon etc., les juifs jouent un grand rôle comme initiateurs et protagonistes du capitalisme. Pour Hitler, le juif capitaliste n’est pas aussi important que le juif révolution­naire, et particulièrement dans la révolution bolchevique où ils étaient dans l’avant-garde, Que dans les rangs des bolche­viks, les juifs soient prépondérants, c’était en 1918-1919 une thèse assez répandue, partagée par exemple par Churchill, et beaucoup d’autres. Cette conception des juifs comme les in­venteurs d’une révolution anéantissante, qui menaçait tout le monde occidental, c’était le noyau de l’idéologie d’Hitler, Mais on ne veut pas que cette thèse soit vraie, parce que si Hitler était en premier lieu anticommuniste, alors les anticommunistes d’aujourd’hui ont une proximité avec Hitler. C’était juste­ment la thèse des Soviets, il y avait un intérêt immédiatement politique à dénier cette thèse de l’importance première de l’anticommunisme, mais j’ai, je crois, démontré qu’il y a au moins deux sortes d’anticommunisme, et que l’anticommunisme to­talitaire d’Hitler n’était pas assimilable à l’anticommunisme dé­mocratique des Américains, par exemple ». Là par contre, Nolte semble visiblement ne pas vouloir avoir d’ennuis… Les nazis avaient dans leur sein beaucoup d’anciens socialistes et marxistes, certains sincèrement convertis (Goebbels, Himmler), d’autres en mission d’infiltration (Bormann, Koch). En France, d’ailleurs, les fascistes français venaient aussi bien de gauche (Doriot, Déat, Barthélémy) que de droite (Darnand, Valois). Cela dit, Nolte montre toute la différence entre Hitler et les communistes. A l’opposé d’un Pol Pot ou d’un Mao, il refuse de s’en prendre à son propre peuple. Les éléments ennemis doivent être convertis et non exterminés. A l’exception de quelques cadres présumés dangereux, les anciens militants communistes purent sans problème poursuivre leur carrière au sein du NSDAP. Là où Nolte ment délibérément, c’est quand il juge la judaïté du bolchevisme comme une « thèse assez répandue » alors qu’il s’agissait de la stricte vérité historique. J’ai démontré, noms à l’appui, dans L’Imposture antiraciste combien les dirigeants communistes étaient juifs et ce, dans la quasi-totalité des pays. En 1919, le judéo-bolchevisme le plus criminel avait sévi : Lénine, Trotsky et Staline en Russie, Bela Kuhn en Hongrie, Luxemburg et Eisner en Allemagne, Pauker en Roumanie… Manifestation absolue de la haine juive, le communisme est né d’elle, par elle et pour elle. Nolte se trompe également en différenciant l’anti-communisme nazi de l’anti-communisme américain, pour la bonne raison que la ploutocratie américaine a toujours ménagé Moscou. « Si vous êtes d’opinion que le communisme est un phénomène banal, alors c’est vrai, mais je ne le crois pas. Je crois que le marxisme est une force majeure et, dès 1917, une force terrifiante pour beaucoup de gens. C’est un concept curieux que celui de banalisation, qu’est-ce que cela veut dire ? Il y aurait une banalisation cer­tainement si vous disiez que le national-socialisme n’a pas dé­truit des millions de juifs, qu’il menait une guerre juste, etc.; mais dire que c’était un mouvement militant qui se dressait contre un autre, lequel était plus originaire, ce n’est pas une banalisa­tion, c’est une comparaison nécessaire. Je dois dire que ceux qui parlent de banalisation ont de bonnes raisons pour rejeter quelque chose dans l’ombre et ne pas confesser, par exemple, toute cette terreur: les premiers camps de concentration en Europe furent établis par les bolcheviks en 1918 sur ordre de Trotski, et si vous vous souvenez des faits de cette guerre civile russe et, dix ans plus tard, de la collectivisation, dire que c’est une banalisation de comparer ces mouvements, c’est une idée incroyable et in­défendable ». Pas vraiment. Les premiers camps de concentration en Europe furent l’œuvre de la Révolution Française, avec les pontons où étaient parqués les prêtres fidèles à leur foi. Cela dit, c’est un progrès que le nazisme et le communisme soient mis sur le même pied. Cependant, on n’en est pas encore à la réalité, à savoir que le premier nommé a été moins meurtrier que le second. Pour conclure, cette entrevue a été à l’aune du travail universitaire de Nolte en général : de bonnes choses, mais une attitude pusillanime qui l’empêche au dernier moment d’aller jusqu’au bout de ses conclusions. Pour vouloir rester à tout prix entre les deux chaises, Nolte va subir des attaques des deux côtés : les exterminationnistes qui vont le juger iconoclaste et les révisionnistes qui vont le juger carriériste

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