Saturday, February 24, 2007

A propos de Bonneville de Marsanguy


Dès le début de la croisade anti-communiste, la Navarre s’était soulevée contre la tyrannie républicaine de Valence. Le général Mola avait libéré Pampelune dès les premières heures du conflit. En 48 heures, il obtient un renfort inespéré qui sauva probablement les résistants : 10.000 hommes, une armée considérable à cette période de la guerre. En chantant Oriamendi (le fameux chant « pour Dieu, pour la patrie et pour le Roi, ont combattu nos pères. Pour Dieu, pour la patrie et pour le Roi, nous combattrons aussi », ils descendent de leurs villages, aïeul, père et enfant, en espadrilles et le béret rouge sur la tête, tous volontaires. Dans certains villages, il ne reste plus que les mères et les filles. Même le curé est parti au combat. Les enfants gambadent dans les rues en chantonnant : « Espagne libre, Espagne belle, avec requetes et phalanges, avec le Tercio très vaillant… ». Ces chouans de Navarre, les Carlistes, sont catholiques et paysans. Et l’actualité récente, au Mexique et en Russie, leur a montré comment les laïcards et les républicains traitent les catholiques et les paysans… Trois bataillons carlistes s’emparent des cols de la Sierra en chantant : « Apporte-moi les espadrilles, donne le boïna et le fusil, je m’en vais tuer plus de Rouges que n’ont de fleurs Mars et Avril ». C’est le vieux chant carliste où « libéraux » a été remplacé par « rouges ».

Mois après mois, la Navarre mobilise, et en février 1937, la 6e brigade navarraise est engagée sur le front des Asturies, l’un des fiefs de la tyrannie. Pays minier, il s’était révolté contre le gouvernement légal le 14 septembre 1934 (né de la victoire de la droite aux élections de novembre 1933) avec la complicité de la gauche « sociale-démocrate ». Celle-là même qui traitera de « factieux » ceux qui, en 1936, feront exactement comme elle… La « révolte asturienne » n’était en rien spontanée, mais le fruit d’une préparation subversive minutieuse dont le point final devait être l’instauration d’une tyrannie communiste en Espagne. En 1931, le Congrès du Komintern avait débloqué une somme de 240.000 £ en faux billets et 2,5 millions de pesetas pour l’achat d’armes et de munitions. 200 cadres révolutionnaires sont envoyés en stage à Moscou. En 1933, le Morning Post annonce la saisie de l’un des arsenaux clandestins rouges : on y confisque 90.000 fusils, 33.000 revolvers, 500.000 cartouches et de faux billets. La tentative de Franco de réorganiser et de moderniser l’armée se heurte à l’immobilisme du gouvernement. Pendant ce temps, 300 églises sont incendiées et de nombreux militants de droite sont assassinés par des tueurs à gages professionnels pour 50 pesetas. Le Bolchevik disait en octobre 1930 : « La légalité chez les communistes consistera à baser le terrorisme sur des principes fondamentaux ». Malgré l’écrasement de la révolte asturienne, Largo Caballero peut parader devant ses maîtres du Kremlin : en 1935, des dizaines de milliers de cellules communistes ont été placées dans toute l’Espagne. Au 11e Plenum du Komintern, les délégués espagnols sont félicités pour avoir mis en place : « les conditions préalables d’une crise révolutionnaire en Espagne ». Au 12e Plenum, le coup d’état communiste est planifié. On a vu dans le n°197 le sort de ce dernier avec le premier des quatre miracles poussant les communistes à reculer au dernier moment le déclenchement de leur attaque et ainsi permettre aux forces anti-communistes de triompher : Espagne 1936, Allemagne 1941 et 1953, France 1947. Et peut-être 5 si on considère que les plans communistes d’attaque totale de 1984 à 1986 étaient encore valides en 1989 (repoussés apparemment à cause des conflits entre deux factions rivales, l’une contrôlant le Kremlin et l’autre apparemment l’Armée Rouge).

L’armée navarraise comprend en son sein de nombreux volontaires français. Si, avec la bénédiction de Léon Blum, les pistoleros communistes purent aller librement aller en Espagne combattre pour Staline, ce fut autrement plus difficile pour ceux qui voulaient aller stopper le communisme. C’est un général Lavigne-Delville (1866-1957), un officier de cavalerie héros de la Première Guerre Mondiale, qui se chargea du recrutement et proposa plusieurs milliers d’hommes, sans compter les 1000 que François Petri se proposait de mettre à disposition du Caudillo. Les volontaires français furent répartis dans diverses unités, sans constituer d’unités précises, si ce n’est la bandera Juana de Arco du capitaine Henri Bonneville de Marsanguy, ce qui fait qu’on ne sait pas précisément combien d’entres eux ont combattu pour la libération de l’Espagne. On pense que 3000 hommes y sont partis, les uns portant la chemise verte du Tercio, la légion étrangère espagnole, les autres la chemise bleue de la Phalange, les militants de l’Action Française rejoignant les unités carlistes de Navarre, les Requetes. C’est dans leurs rangs qu’Henri Bonneville de Marsagny combat, à la tête de la 2e compagnie du bataillon San Fernando. Ayant franchi les Pyrénées dès le début du conflit, il a participé aux batailles de Mérida, Badajoz, Madellin, Talavera et à la libération de l’Alcazar de Tolède. Le 10 février, son unité participe à la prise de la ville de Llanes. Le capitaine tombe héroïquement au combat, à la tête de ses hommes. En 1954, c’est son fils Roland, qui avait à peine connu son père (il était né en 1930), tombe lui aussi dans la grande croisade contre l’horreur bolchévique à Diên Biên Phu. L’un est mort pour la liberté du peuple espagnol, l’autre pour empêcher l’asservissement du peuple vietnamien. Au moins, ils ne sont pas morts pour la République, leur sacrifice n’a donc pas été inutile.

Dans leur Histoire de la Guerre d’Espagne, Robert Brasillach et Maurice Bardèche , signalent que la bandera Juana de Arco comptait quelques 300 hommes, plus quelques volontaires venus de Suisse et de Belgique, ce qui parait peu par rapport au camp communiste. Il est vrai que les nationalistes, ce qui paraît logique, n’aiment pas aller se faire tuer pour un pays qui n’est pas le leur. Seules de grandes croisades idéologiques comme la lutte contre le bolchevisme de 1941 à 1945, peut fédérer les énergies. Rajoutons à cela le fait que Franco voulait gagner la guerre seul, n’acceptant les étrangers qu’à titre symbolique (contingent français, irlandais, portugais, finlandais), qu’à titre d’instructeurs (allemands) ou parce qu’il ne pouvait pas faire autrement (italiens). La question se pose également : si Blum était si philo-communiste, pourquoi n’a-t-il pas envoyé l’armée française en Espagne ? A cela, plusieurs explications : la première, est que l’armée française – traumatisée par la boucherie de 14-18 – n’avait pas tellement envie de refaire une seconde guerre. De plus, beaucoup d’officiers se seraient légitimement révoltés à l’idée d’aller se faire tuer pour imposer une horreur communiste en Espagne qui, n’en doutons pas, aurait atteint la France lors de l’étape suivante. La seconde tient au profil de Blum. Il est juif certes, se revendique comme marxiste certes, mais est surtout avocat d’affaires, lié à de gros trusts anglo-saxons. Or, si ces derniers frétillent d’impatience à l’idée de rayer de la carte une Allemagne avide d’indépendance et de liberté, la question espagnole était plus complexe. En effet, les trusts miniers américains, dirigés par les familles juives Rothschild et Guggenheim, voyaient fermer leurs mines espagnoles de par l’incurie républicaine alors qu’une fois en zone nationaliste, elles recommencent à produire. On peut faire une comparaison avec le Chili de Pinochet. Dans les deux cas, révolution des classes moyennes contre un régime en voie de soviétisation. Dans les deux cas, un général prend le commandement de la révolte et sacrifie les forces révolutionnaires de droite au profit des milieux d’affaires. Dans les deux cas, neutralité bienveillante des milieux financiers juifs, Franco de par ses origines juives et la meilleure santé économique de son état ; Pinochet par haine contre Allende dont le passé antisémite, même tue officiellement, était probablement connu. Dans les deux cas, aucune basse solide donnée au régime et écroulement de celui-ci dès le départ du général. Voilà pourquoi Blum n’est pas intervenu : ses maîtres de Wall Street n’arrivaient pas à faire entendre raison aux anarchistes et étaient parvenus à un accord de principe avec Franco. Leçons à méditer pour l’avenir. Père et fils, les Bonneville de Marsangy ont été unis dans la mort. Dans les steppes glacées de Russie, dans les jungles moites d’Indochine, dans les montagnes arides de l’Espagne, des hommes sont tombés pour défendre les libertés, le sang, le travail, la civilisation. Sonnerie aux morts…

6 Comments:

Anonymous Anonymous said...

Très bon blog. Les posts étant longs, c'est difficile de tout lire mais vous faites oeuvre utile. Bravo.

12:03 AM  
Blogger Enzo said...

Merci pour ce gentil message Marie. Ce blog a une nature pédagogique : pour se souvenir, pour comprendre.

12:33 AM  
Anonymous Anonymous said...

Importante libro: Les vrais maitres du monde, González Mata, Paris, 1979.

2:13 AM  
Anonymous Anonymous said...

ha, Franco, Pinochet, Staline...
ces grands hommes nous manquent. Nous n'avons plus aujourd'hui que des salauds qui manquent d'envergure.

11:34 PM  
Blogger Enzo said...

Il est vrai que mis à par Poutine, peu de dirigeants d'envergure...

Même les crapules déclinent. Il n'y a pas photo entre Churchill et Blair ou même entre Roosevelt et Bush...

"Les temps sont durs, les années folles sont terminées
Les temps sont durs, même le futur n'est plus c'qu'il était..."

12:15 AM  
Blogger Unknown said...

Tres beau site et que la memoire perdure
Auriez vous une reproductions des armoiries de la famille Bonneville de Marsangy

2:30 PM  

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